lundi 18 mai 2009

La négociation : ma première journée au marché*

Avant d'arriver au Mali, j'avais beaucoup entendu parler de la négociation marchande qui règne ici. Je m'étais donc préparé mentalement à cette activité. Je dirais même que c'est l'un des éléments de la culture que j'apréhendais le plus!

Le lendemain de notre arrivée à Bamako, nous avons visité plusieurs quartiers de la capitale... et le marché des artisans ! Cet endroit renferme des centaines de boutiques où l'on peut voir les artisans fabriquer les biens (bijoux, statuettes, masques, instruments de musique, etc.) qui y sont vendus. C'était fascinant à observer ! Rapidement, les vendeurs nous ont abordé et trouvaient toutes de sortes d'arguments pour nous montrer leur produit. Etant les seuls Blancs de l'endroit, nous suscitions beaucoup d'intérêt ! Blanc = riche. Point final.

J'ai discuté avec l'un d'eux, en me présentant en Bambara, simplement par curiosité et pour connaître le prix d'un masque. Le prix était en francs CFA (environ 400 francs CFA = 1$ CAN) et comme je ne connaissais pas encore cette information, car nous n'avions même pas échangé notre argent en francs CFA, le prix qu'il m'offrait ne me disait rien du tout. Je lui ai donc dis que je n'achèterais rien aujourd'hui. Il m'a immédiatement demandé un autre prix que celui qu'il m'avait présenté. Il m'a expliqué que la vente ici n'était pas comme en Occident, que tout était négociable, que c'est de cette façon que ça fonctionne ici, à Bamako.

J'étais mal à l'aise, car je ne voulais pas dire n'importe quel prix, ne connaissant pas trop la valeur de la devise, ni des objets se vendant au marché. Je ne voulais pas le froisser, car un de mes amis maliens m'avait averti à ce sujet : offrir un prix inférieur à la juste valeur d'un objet peut couper immédiatement le lien de confiance entre le client et le vendeur. Etant nouveau dans ce pays, insulter quelqu'un était bien ce que je voulais éviter à tout prix. Bien que j'aie longuement essayé de lui expliquer cela, il voulait absolument que je lui donne un prix. Il répétait sans cesse quer j'étais son premier client et qu'il avait besoin d'argent pour la journée. Je ne lui ai pas donné de prix, et, en le saluant poliement, je suis allé visiter d'autres sections du marché.

Le premier client de la journée est très important pour les marchands. S'il donne un prix à l'un de ses biens, cela signifie qu'un client s'intéresse à ses produits. Cela signifie qu'il y aura la chance avec lui dans la journée. La chance de vendre et de faire un peu de profit. Ne pas obtenir de prix, cela peut signifier que la journée ne sera pas bonne. Souvent, le premier client bénéficie d'un meilleur prix, s'il négocie, que les prochains clients. Bien entendu, certains vendeurs utilisent cet argument pour séduire le client et ainsi lui faire croire que le prix négocié est bon.

Tout ceci, je l'ai appris deux semaine plus tard, à la suite d'un achat bien négocié avec un marchand de ce marché !

En une quinzaine de minutes, à la suite de mon premier entretien avec le vendeur de masques, les vendeurs criaient, avec enthousiasme, "C'est David !" J'étais très surpris de la vitesse à laquelle mon nom s'était propagé ! Comme j'étais le seul homme blanc du groupe, j'ai suscité l'attention des hommes (les marchands du marché des artisans, entouré de murs, marché n'étaient que des hommes, les femmes marchandes étant dans les boutiques extérieures), car habituellement, dans la culture malienne, les hommes respectent plus les autres hommes que les femmes. Cela se voit facilement dans les rapports qu'à notre groupe avec les gens d'ici : souvent les hommes s'adressent à moi en premier. Fin de cette petite parenthèse de la relation hommes/femmes au Mali: J'y reviendrai sûrement plus en détails lors d'un autre billet sur ce blogue.


J'ai bien aimé cette première visite au marché des artisans, surtout l'aspect de la négociation, ce qui m'a donné le goût d'y retourner deux semaines plus tard... Je vais donc vous écrire, très bientôt, un autre billet à propos de ce thème !


Merci beaucoup de me lire !

2 commentaires:

  1. Je l'aime bien cette anecdote, David. Intéressant, puis ça me fait sourire... Tu sais, je crois que j'aimerais ça un jour aller faire un peu de négo à Bamako...

    Guy

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  2. David tu n'écris pas souvent..mais ça valait la peine d,attendre...tu es un bon conteur.

    Danielle, maman naturelle de tanta Touré....

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